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Observatoire Chrétien de l'Entreprise et de la Société L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.

Observatoire Chrétien de l'Entreprise et de la Société

L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.

 
 
 
 
 

Regarder chaque migrant comme un pont

Regarder chaque migrant comme un pont entre les communautés de départ et les communautés d’accueil


Pour une politique d’immigration et d’émigration humaine et responsable


Préalables :

·         Intimement liées à l’histoire de l’humanité, les migrations sont un des aspects incontournables de la mondialisation. Elles se développent rapidement et continueront à jouer un rôle important.

·         Elles sont souvent considérées comme un mal difficile à enrayer, de sorte qu’un regard hostile est souvent porté sur les personnes, migrants et leurs familles : cette tendance n’est pas acceptable, nous devons faire notre possible pour que les migrants aient une juste place dans le monde.

·         La question est complexe et souvent les données ne sont pas disponibles, une situation qui favorise le raidissement sur des positions plus motivées par l’éthique de conviction que par l’éthique de responsabilité.

·         La question dépasse la France : pour être utile toute réflexion doit convoquer des instances internationales.

·         La situation contrainte des finances publiques de nombreux pays d’accueil impose de comprendre exactement ce que coûte et rapporte l’immigration ; mais la communauté de destin des peuples impose aussi que la fermeture des frontières ne soit pas la finalité centrale de la politique d’émigration et d’immigration.

·         L’installation désormais durable de la plupart des migrants sur notre territoire conduit à écarter toute solution brutale d’exclusion, à la fois immorale et irréaliste, et ceci même si beaucoup de ces migrants ne manifestent pas une volonté d’intégration comparable à celle des générations précédentes.

·         Nous ne réussirons pas la mondialisation si nous n’apportons pas de réponse ambitieuse pour l’homme à cette question.

·         Les diverses confessions chrétiennes, considérant que tous les hommes sont membres d’une même famille, ont de tout temps attaché du prix aux conditions d’accueil des étrangers avec une attention particulière à ceux qui sont en situation fragile ; beaucoup d’hommes et de femmes qui ne partagent pas leur foi ressentent eux aussi de manière pressante cette injonction inscrite dans leur conscience, que renforce l’évolution d’un monde de plus en plus ouvert et inégal.



Pistes concrètes

1.       Faire la vérité sur l’immigration : nous ne pourrons pas avancer sur cette question tant que les données objectives permettant de se faire un jugement équilibré sur les réalités, les coûts, les apports, ne seront pas disponibles et présentées de manière à permettre un débat public de qualité. Les controverses et les suspicions sur ces données n’ont que trop duré. Nous proposons que cette question soit abordée par un groupe d’experts faisant autorité au niveau européen de manière à dépassionner les débats nationaux, en envisageant les divers aspects avec des approches culturelles différentes.


2.       Tout doit être fait pour que chaque migration soit une réussite, chaque cas individuel un succès. Cette vision doit être partagée par les communautés d’accueil comme par les communautés de départ. Dans cette perspective nous proposons de regarder chaque migrant comme un pont construit entre ces communautés. Pour que celui-ci soit solide, nous suggérons l’idée d’un contrat de migration qui serait signé par les parties impliquées, contrat dans lequel seraient rappelés de manière détaillée et explicite les droits et les devoirs du migrant tant vis-à-vis de sa communauté d’origine qu’à l’égard de la communauté qui va l’accueillir. La trame d’un tel contrat pourrait être mise au point par l’OIT s’agissant des migrations pour le travail et par l’UNESCO pour les migrations d’étude, étant entendu que dans un esprit de subsidiarité bien compris, cette responsabilité resterait aux États.


3.       Nous pensons également qu’à l’instar de ce qui s’est fait depuis les années 1950 sur la protection des investissements à l’étranger, les États devraient pouvoir signer de manière bilatérale des accords favorisant la réussite des migrations, des modèles de conventions pouvant être établis par les services ad hoc de l’ONU, une politique volontariste pouvant être engagée en ce sens. Nous pensons que de tels accords pourraient prendre en compte les spécificités de chaque pays d’origine en matière de cultures, de religions, de risques de toutes natures, ... dans la mesure où elles peuvent avoir un impact sur les conditions d’intégration des migrants chez nous.


4.       Bien que nos références chrétiennes soient très engageantes en matière de regroupement familial, nous proposons de reconsidérer cette question et de ne le favoriser que lorsque tout le monde y gagne. Au contraire, nous pensons plus utile à la communauté de départ de garder un lien fort avec celui qui est parti de manière à profiter de la croissance professionnelle et humaine qui aura bénéficié au migrant, et pour favoriser son retour.  Par là nous souhaitons éviter de fabriquer des enfants nés de l’immigration qui finalement sont des enfants de nulle part et qui, privés de racines et incertains dans leur identité, rencontrent des obstacles considérables pour se développer chez nous.


5.       Nous attachons une grande importance à ce que le migrant accueilli chez nous puisse envoyer de l’argent et des biens, notamment des biens culturels matériels ou immatériels, à sa communauté d’origine. Dans ce cadre nous demandons en particulier aux pouvoirs publics d’encadrer les pratiques des sociétés qui se chargent des transferts de fonds, trop souvent faits à coûts exorbitants pour le migrant. Nous souhaitons également que les droits acquis pour la retraite puissent être intégralement utilisable en cas de retour au pays.


6.       Nous émettons l’idée d’un court service civil d’intégration dont la vocation serait d’aider les migrants à combler partiellement le fossé culturel qui les sépare de leur pays d’accueil.


7.       Éviter les ghettos : nous estimons nécessaire que les collectivités publiques, avec l’appui de l’État qui est ici dans son rôle, se donnent les moyens de lutter contre les concentrations excessives de population immigrée, particulièrement quand elle est de même origine, dans des lieux qui deviennent progressivement des ghettos, empêchant toute intégration efficace. Une telle politique suppose peut-être des statistiques ethniques, cela ne nous choque pas pourvu que leur établissement et leur exploitation soient rigoureusement encadrés.


8.       Nous demandons fermement que l’État, probablement avec le concours des autres pays européens, s’engage avec détermination contre les filières d’immigration clandestine  et contre le travail au noir : que l’on puisse développer des trafics juteux sur les fragilités humaines ou que l’on puisse entretenir des citoyens de seconde zone ne bénéficiant pas des mêmes droits que les autres travailleurs sont de véritables régressions de civilisation. La communauté de destin et de culture qui unit les Français ou les Européens est gravement perdante avec ces pratiques. Dans cette perspective nous demandons que les accords de Shengen soient complétés de manière à permettre aux États membres la mise en place de politiques d’immigration ambitieuses et cohérentes.


9.       Lutter contre les discriminations : nous appelons l’attention des responsables publics et privés sur le fait qui les migrants doivent être traités avec équité. Nous devons tous être scrupuleux sur ce point et en particulier ne pas considérer trop vite qu’un migrant qui est en faute vis-à-vis de la loi française ne mérite que l’expulsion. La fragilité de départ de la situation de ce migrant impose au contraire un surcroît d’humanité.


10.    Il y a abondance de migrants en situation difficile dans notre pays. Les aider, les soutenir, leur apporter ce qui leur permet de subsister dans des conditions moins rigoureuses, créer des structures d’assistance, tout cela, nous considérons qu’il s’agit de devoirs qui s’imposent à la conscience de tout un chacun. Aucune loi ni aucune pratique administrative n’est fondée à  l’empêcher. Nous souhaitons donc qu’il n’y ait plus de poursuites contre ceux qui portent assistance aux migrants en difficulté.

11.    Nous souhaitons également que la France, malgré les contraintes financières, honore ses engagements en matière d’aide au développement et même se montre volontariste pour que les pays qui sont les plus fournisseurs de migrants puissent garder à leur profit les plus talentueux de leurs citoyens. Dans cette perspective, nous souhaiterions plus de discernement de la part des responsables politiques dans la manière dont ils abordent la question des délocalisations. Il vaut mieux en effet établir des activités durables et de préférence « labour intensive » dans des pays amis qui puissent en profiter pour fonder ou consolider leur développement, plutôt que vouloir les conserver sur notre sol au risque qu’elles soient très vite hors jeu dans la compétition mondiale en raison de nos exigences sociales.


12.    Nous pensons imaginable, sous réserve d’une étude spécifique, l’idée de transactions pour le retour au pays, dont le financement pourrait être avantageux à terme pour l’État tout en étant également profitable à la personne et à la famille du migrant tout comme à son pays d’origine. Cette voie, qui s’appliquerait prioritairement aux migrants ayant acquis une expérience exploitable dans leur pays d’origine, pourrait être utilisée pour réduire le nombre d’immigrés sur le sol de la France. Au départ un petit nombre serait concerné, mais une telle mesure pourrait avoir valeur d’exemple et d’entraînement.


13.    Dans ce cadre d’un regroupement familial qui serait plutôt l’exception que le cas général, et dans ce cadre seulement, nous suggérons aussi que tout migrant installé sur notre sol et disposant d’un travail réel et durable, mais irrégulier, puisse voir sa situation régularisée sans pénalisation. Nous considérons en effet que le regroupement familial est l’une des causes principales du refus des pouvoirs publics de régulariser ces situations. Cette piste ne vaut que pour la résorption de la situation actuelle, toute situation nouvelle entrant dans le cadre de ce qui est proposé dans les pistes ci-dessus.


14.    Nous estimons que l’acte de naturalisation, qui consiste à accueillir un migrant et éventuellement sa famille dans notre collectivité nationale, ne peut pas être un acte anodin attribué automatiquement au bout de plusieurs années. Au contraire, il nous paraît nécessaire que celle-ci fasse l’objet d’une demande, qu’elle soit accompagnée par une préparation et soit célébrée avec une certaine solennité.


15.    Nous pensons que le vote des immigrés doit être réservé à ceux qui ont acquis la citoyenneté française, et ceci quelles que soient les élections envisagées.


16.    Nous aimerions que la France, éventuellement avec l’aide de l’UNESCO, mette en place des solutions pour que les filles puissent aussi bénéficier de contrats de migrations à fins d’études universitaires, car souvent celles-ci, pour quelques raisons que ce soit, ne bénéficient pas d’une offre de formation au niveau de leur potentiel, ce qui est injuste, et alors même que leur éducation peut avoir des effets très positifs sur leurs communautés d’origine..



Hervé L'Huillier

 
Dernière modification : 03/11/2011