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Observatoire Chrétien de l'Entreprise et de la Société L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.

Observatoire Chrétien de l'Entreprise et de la Société

L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.

 
 
 
 
 

Donald Trump, les États-Unis et la question de la "gouvernance mondiale"

Les premières décisions de Donald Trump, nouveau président des États-Unis, même si elles étaient annoncées, ont suscité et suscitent encore beaucoup d’interrogations et des mouvements d’opposition. Qu’elles posent problème à une partie de l’opinion américaine, alors que le Président a été tout récemment élu, dans les règles, c’est une question qui regarde d’abord les Américains ; le Président bénéficie encore d’un important soutien dans l’opinion, ce qui signifierait que beaucoup d’entre eux considèrent que ces décisions vont dans le bon sens et correspondent à leurs attentes ; ou, à tout le moins, qu’il faut attendre avant de juger de leur pertinence. Mais les décisions prises par Donald Trump ne s’appliquent pas qu’aux Américains ; la plupart visent aussi d’autres pays ou des institutions de la communauté internationale ; certaines, si elles portent sur des questions internes aux États-Unis, auront aussi des conséquences sur d’autres pays, voire sur le fonctionnement actuel du monde. Curieusement cet aspect n’est pas beaucoup mis en évidence, alors que Donald Trump rompt clairement avec des années de pratique politique orientées vers la mise en œuvre progressive d’une gouvernance mondiale, et ce à un moment où la revendication de la souveraineté nationale et des prérogatives de l’État-Nation est de plus en plus marquée. Le fait que le président du pays le plus puissant du monde s’engage dans cette voie est inquiétant pour la préservation du chemin fait dans le sens d’un début de gouvernance mondiale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

 

 

Des décisions et des intentions de rupture

 

Avant d’être élu, Donald Trump avait annoncé un programme de gouvernement visant à rétablir la « grandeur » de l’Amérique en prenant le contrepied de décisions de son, voire ses prédécesseurs. Certaines mesures de ce programme présentaient une telle rupture avec le passé et s’affichaient tellement en opposition avec les pratiques de la communauté internationale que beaucoup d’observateurs pensaient que Donald Trump ne les mettrait pas forcément en œuvre ou que la haute administration de son pays tout autant que les responsables de grandes institutions mondiales pourraient le convaincre de ne pas aller aussi loin que prévu. Mais rien de cela ne s’est passé et, en effet, Donald Trump a pris très rapidement un certain nombre de décisions qui tranchent avec le passé et qui, on l’a vu, ont suscité des réactions non seulement aux États-Unis, mais dans le monde, et même un début de résistance. D’autres mesures peuvent venir, tout aussi porteuses d’interrogations. On rappelle ici quelques-unes des mesures qui peuvent avoir des conséquences sur le fonctionnement de la communauté internationale.

 

- Plusieurs mesures ciblent les grands marchés régionaux et les grandes aires de coopération politique : décision de renégocier l’accord de l’ALENA ; retrait du Traité de partenariat trans-pacifique, signé en 2015 entre douze pays de la zone Asie-Pacifique ; encouragement au Brexit et discours hostiles à l’Union européenne.(1) Donald Trump préfère des accords bilatéraux, dans lesquels les États-Unis peuvent faire prévaloir leur plus grande force sur leurs vis-à-vis.

- Plusieurs mesures visent spécifiquement de grandes institutions internationales : D. Trump menace de ne plus payer sa part de financement de l’ONU pour diverses raisons : reconnaissance de la Palestine, soutien à des ONG anti-avortement, … Idem s’agissant de l’OTAN, emblématique de la volonté de paix des pays occidentaux.

- Plusieurs mesures visent les migrants qui arrivent sur le sol américain : interdiction temporelle d’entrer aux États-Unis pour tout citoyen de sept pays musulmans (2); fermeture de la frontière entre le pays et le Mexique pour interdire l’entrée de latino-américains ; coupure des crédits fédéraux aux « villes-sanctuaires » qui accueillent des migrants sans-papiers (deux cents villes environ dont les plus grandes cités américaines).

- D’autres mesures ou menaces ciblent des pays spécifiques : l’Iran (avec menace de ne plus reconnaître l’accord sur le nucléaire passé en 2015 avec la communauté internationale) ; la Russie (pour laquelle D. Trump veut le maintien des sanctions internationales tant qu’elle ne rétrocède pas la Crimée à l’Ukraine) ; la Chine (cible de plusieurs attaques verbales en raison de ses menées en mer de Chine du Sud ou à cause de la faiblesse de sa monnaie) ; l’Australie (en raison d’une décision de son prédécesseur pour l’accueil de migrants), …

- Plusieurs mesures ou annonces ont pour objet un renforcement des moyens de l’armée américaine (déjà de loin la plus dotée des armées nationales),(3)pour laquelle un amendement au budget 2017 sera présenté bientôt au Congrès afin de mettre fin à « l’obsolescence et à la faiblesse de ses moyens ».

- Des mesures et des discours ciblent la politique environnementale : menaces sur la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat de 2015 ; encouragement à la relance de la production des énergies fossiles avec en particulier autorisation d’engager les travaux de construction de deux oléoducs contestés, dont celui qui relancera la production des sables bitumineux de l’Alberta ; interdiction à l’Agence de protection de l’environnement de toute communication externe ; …

- D’autres promesses dans la sphère économique doivent trouver un début de concrétisation à brève échéance : dérégulation des banques ; division par plus de deux de l’impôt sur les sociétés (de 35 à 15%) ; mesures favorables au rapatriement des investissements américains à l’étranger (avec un IS à 10%), y compris les pays en développement (à commencer par le Mexique voisin) ; …

 

La remise en cause des avancées dans le sens d’une gouvernance mondiale

Prises ensemble, ces mesures ou ces menaces sont un immense défi pour la communauté internationale. Depuis la Seconde Guerre mondiale, des progrès ont été régulièrement faits pour bâtir un début de « gouvernance mondiale », progrès qui se concrétisent dans des institutions (notamment les diverses branches de l’ONU, mais également le FMI, la Banque mondiale, …), par la constitution d’entités supranationales (Union européenne, ASEAN, ALENA, …), par des traités, des mécanismes, des règles acceptées par la quasi-totalité des États, par la multiplication des coopérations, …

Les mesures ou les intentions annoncées de Donald Trump ressemblent à un virage à cent-quatre-vingts degrés sur cette construction progressive, fragile, menacée. Ne plus reconnaître les traités internationaux signés par ses prédécesseurs ; attaquer les institutions de gouvernance mondiale ; prendre sur des sujets graves (environnement, migrations, …) des décisions dont les conséquences affecteront de nombreux territoires au-delà des États-Unis eux-mêmes ; déréguler le système bancaire alors que des mesures de prudence et de solidarité applicables à l’ensemble du système financier ont été prises après la crise de 2008 (4); s’engager dans une politique économique difficilement compréhensible pour un pays très lourdement endetté et proche du plein-emploi, mais dont l’impact sur l’économie mondiale est évident ; relancer le financement des armements quand on est de loin le premier vendeur d’armes de la planète à un moment où les zones de conflits et de tensions sont nombreuses ; menacer de sanctions et de représailles des pays importants ; stigmatiser l’islam ou les populations latino-américaines ; ... Ce sont autant de questions qui sont posées à la communauté internationale, et ceci d’autant plus gravement qu’elles viennent du pays le plus puissant du monde, un des cinq membres du conseil de sécurité de l’ONU, qui a physiquement son siège aux États-Unis.

Nous savons bien que la question de la gouvernance mondiale donne de l’urticaire à beaucoup de monde, y compris chez les chrétiens : au profit de qui ? qui tire les ficelles ? quelles conceptions de l’homme la sous-tend ? comment respecter les nations et les peuples ? etc. Néanmoins la tradition chrétienne est favorable à l’idée d’une gouvernance mondiale, dont l’objet est de servir le bien commun universel et dont les principaux thèmes sont les suivants :

 

i.  Les questions liées à la paix et à la justice

La doctrine sociale de l’Église, qui assigne à une souhaitable autorité mondiale l’objectif de servir le bien commun universel, vise prioritairement la justice et la paix. Dans Pacem in terris, l’encyclique dans laquelle le magistère catholique pour la première fois exprime l’idée d’un « pouvoir supranational » (§ 138), Jean XXIII évoque la possibilité que le bien universel soit atteint par un accord unanime et « non pas imposé par la force ». C’est une tradition de la pensée sociale chrétienne que de pousser les acteurs responsables à renoncer à la guerre et à rechercher la justice et la paix par d’autres voies (cf. Compendium, § 438).

Parmi les urgences qui sont liées à la paix et à la justice, on notera : la renonciation à la course aux armements, en particulier aux armes massivement destructrices ; la lutte contre le crime organisé et les mafias ; la lutte contre le terrorisme (cf. Compendium, § 513 et surtout 514). La plupart des thèmes évoqués ci-après peuvent aussi contribuer à une plus grande paix et une meilleure justice.

 

 

ii.  Les questions liées au partage des ressources de la planète et à l’écologie

Dans la perspective de la destination universelle des biens, l’Église catholique, mais aussi d’autres acteurs chrétiens, se montrent, depuis des années, soucieux de questions qui, par la géographie même des ressources terrestres, sont supranationales : tel pays dispose de telles ressources et tel autre non alors même qu’il en a besoin pour son développement. Le pétrole est le symbole de ces ressources, avec ses organisations de pays producteurs et de pays consommateurs, mais le développement démographique et la légitime aspiration de tous les peuples à se développer posent la même question à propos de nombreuses ressources. Et la perspective pour certaines d’entre elles d’un épuisement à terme renforce la nécessité d’une autorité mondiale qui en régule avec fermeté l’usage dans un esprit de partage et de collaboration : c’est le cas des ressources fossiles sur lesquelles s’appuie encore beaucoup l’énergie ; mais c’est aussi le cas de beaucoup de métaux, des terres arables destinées à nourrir la population mondiale, de l’eau, des ressources halieutiques, de la biodiversité, … (cf. Caritas in veritate §27, 49, et Laudato Si, §23-42). Plus largement, toutes les questions liées au réchauffement climatique, en particulier les émissions de gaz à effets de serre.

 

iii. Les questions liées à la population

Très réservée sur une approche malthusienne de la croissance démographique, la doctrine sociale de l’Église invite à faire progresser la coopération entre les peuples dans un esprit de fraternité, selon le principe de solidarité. Aujourd’hui, cette croissance se traduit par des situations qui dépassent le niveau des États et compliquent le traitement des questions liées à la paix internationale ou à la paix civile. Ces questions sont d’abord celle des migrations internationales, en particulier l’accueil des migrants et les questions liées à l’asile (Compendium 297-298, Caritas in veritate §62). Les perspectives du réchauffement climatique, l’insécurité, l’absence ici ou là de l’État de droit, une vie économique et sociale de plus en plus difficile impliquent une gestion internationale des déplacements transnationaux dont le volume s’est accru dans de fortes proportions ces dernières années. Mais le chrétien est également interrogé sur le phénomène de l’urbanisation massive et accélérée qui se généralise, avec des risques, et rejoint la question du développement ou celle de l’accès aux ressources (cf. Evangelii gaudium, §71-75). Une autre question est liée à ces deux derniers domaines : les problèmes internationaux de santé, avec en particulier les épidémies qui traversent les frontières ou affaiblissent certains groupes humains, compliquant la question du développement.

 

iv. Les questions économiques et financières

La crise économique de 2008 a mis en évidence le bien-fondé de la position déjà ancienne de nombreux observateurs chrétiens d’une gouvernance mondiale dans le champ économique et financier (Cf. Evangelii gaudium, §206). Les pistes de travail à un niveau supra national sont nombreuses et le travail engagé ; il faut hiérarchiser les chantiers en définissant quelques priorités, là où le fonctionnement actuel est injuste et inégalitaire et où les solutions ne sont pas si difficiles : faire en sorte que les allocations de capitaux puissent aller partout dans le monde où les besoins élémentaires restent non satisfaits ; renforcer la transparence des circuits et des méthodes et lutter contre les asymétries d’information ; en finir avec des pratiques qui visent à socialiser les pertes et privatiser les gains à l’échelle planétaire ; limiter l’accumulation excessive du capital ; résister à la tentation du surendettement collectif et aider à la résorption des passifs accumulés. Cf. Laudato Si, §189)

 

v. Les questions liées au développement

Le développement des pays défavorisés, qui est le thème central de Populorum progressio et que les chrétiens considèrent comme une priorité (cf. Caritas in veritate § 60) regroupe plusieurs questions de nature transversale : la mise en place de ressources financières appropriées pour aider les pays pauvres ; le transfert des connaissances et savoir-faire ; le développement de l’éducation ; l’encadrement des modalités d’exploitation des ressources des pays pauvres par les pays riches, la résolution de l’obsédante question de la faim et de la sécurité alimentaire, … (Cf. Laudato Si, §48-54)

 

 

Que faire ?

Pour la pensée sociale de l’Église, le bien commun national ne peut s’opposer au bien commun universel et l’idée de souveraineté absolue reconnue à l’État, courant dominant de Jean Bodin au début du XXème siècle, n’est plus la référence. En exprimant haut et fort « America first »(5), Donald Trump rencontre sans doute des aspirations présentes dans une partie de la population américaine (comme on peut en trouver d’équivalentes, de plus en plus, dans divers pays : Hongrie, Grande-Bretagne, Turquie, Russie, ...), mais va à l’opposé de ce qui se construit depuis trois générations.

Un seul pays, fût-il le plus puissant du monde, peut-il renverser le courant de ce qui se construit depuis si longtemps et qui trouve sa légitimité fondatrice dans le refus des conflits mondiaux du XXème siècle et les crises de toute nature dépassant le cadre des États ? Pour déboucher sur quelle forme nouvelle de communauté internationale, sinon la prééminence des rapports de force ? Poser cette question, c’est implicitement souhaiter que les acquis d’aujourd’hui, même fragiles et insuffisants, soient préservés. Mais comment ?

Jusqu’à présent, il semble que Donald Trump choisira de poursuivre comme il a commencé, appuyé en cela par le premier cercle des personnalités qu’il a nommées autour de lui, et ceci malgré les difficultés assez clairement évoquées par ses diplomates pour atténuer les effets de décisions gênantes, malgré les oppositions de certaines autorités, notamment dans la justice, mais aussi, disent certaines sources, au sein de l’appareil de défense, et malgré les manifestations d’opposants aux États-Unis comme en plusieurs endroits de la planète.

S’il en est ainsi, comment l’arrêter, le contrer ou minimiser les effets de ses décisions ? Aujourd’hui l’idée même que Donald Trump pourrait ne pas aller au bout de son mandat est publiquement évoquée.(6) Évoquée aussi l’idée qu’il puisse être l’objet d’une tentative d’assassinat, comme Kennedy ou Reagan, dans un pays où les armes à feu sont à la portée de tous (7). C’est que l’on ne voit pas bien comment pourrait se structurer aux États-Unis une procédure d’empêchement et, si on y parvenait, comment elle pourrait déboucher à terme rapproché sur une nouvelle donne politique paisible et rassurante, tant les groupes d’intérêts semblent montés les uns contre les autres. A ce stade, alors même que le président Trump jouit encore d’un bon soutien dans l’opinion aux États-Unis, tentative d’assassinat ou empêchement, c’est pour certains prendre ses désirs pour des réalités.

Donc, si elle veut défendre ses acquis, la communauté internationale doit compter aussi sur ses propres forces. C’est là qu’on s’aperçoit qu’elle est singulièrement démunie. Quelles sont les hypothèses ? Premièrement répondre par la force ; soit  la réciprocité : sur tous les pays ciblés par D. Trump, seul l’Iran a eu à ce jour l’audace de décréter des mesures réciproques, mais les relations entre les États-Unis et l’Iran sont quasi nulles ; soit des mesures d’embargo ou des sanctions comme on l’a fait pour la Russie : il faudrait pour cela des opérations concertées groupant le plus grand nombre d’États, car les États-Unis sont en mesure de contourner beaucoup d’obstacles : on ne voit pas les pays soucieux de préserver les acquis de la gouvernance mondiale aller dans ce sens car cela représente une marche de plus dans l’escalade de la conflictualité ; or « l’unité est supérieure au conflit » (Compendium, 582). Donc essayer une autre voie, celle de la diplomatie qui devrait inventer et légitimer une instance de sages aujourd’hui inexistante ? celle de la justice ? mais l’instrument le mieux approprié – la Cour internationale de Justice – doit faire l’objet d’une saisine des États en contentieux (les États-Unis refuseront toujours) et s’est toujours placée en retrait des conflits graves entre États ; celle de l’opinion internationale ou des sociétés civiles ? mais on voit bien que celles-ci sont hyper-manipulables et que souvent elles se passionnent pour certains sujets en négligeant les approches englobantes.

Pourtant on ne doit pas sous-estimer les leviers que la société civile transnationale pourrait mettre en œuvre pour contenir les coups de boutoir de l’administration Trump contre les acquis de la gouvernance mondiale et peser en faveur d’une évolution de ses décisions plus compatibles avec le bien commun universel. Les entreprises,(8) les syndicats internationaux, les églises peuvent apporter leur pierre. L’Église catholique, motivée par le sens chrétien de l’histoire – réconcilier la famille humaine sous le règne divin de paix, de justice, d’amour -, présente au sein de la population américaine comme presque partout ailleurs dans le monde, peut rappeler sans se lasser tous les thèmes pour lesquelles elle juge absolument nécessaire une gouvernance mondiale et redire son soutien aux institutions créées pour cela.

 

Ce qui pose problème en définitive, c’est que, au sein d’un courant de plus en plus manifeste de « national-populisme », actif en Europe, en Turquie, en Russie, le pays le plus puissant du monde vienne apporter sa pierre ; et qu’il le fasse à un moment où les tensions internationales sont nombreuses. Car, au même moment, les sujets sur lesquels il serait souhaitable que les pays disposant plus que d’autres du crédit, des capacités, voire des intérêts dans le monde se font à la fois plus urgents, plus nombreux et plus complexes. On aurait envie de dire que nous sommes à un moment où le monde attend de certains responsables politiques une conscience des intérêts supérieurs et une intelligence politique dont les peuples qui les élisent n’ont que rarement idée. Le principe démocratique est évidemment en cause quand l’éclairage ou la formation sur le bien-fondé de la construction d’un monde convergent s’effacent devant l’affirmation répétitive que la préférence nationale est la solution. Et l’idée politique est également en cause si les dirigeants élus imaginent que leur légitimité les cantonne dans le suivi imbécile des attentes populaires. Tous ceux qui sont témoins de ce que représentent les avancées, même insuffisantes, apportées par les coopérations transnationales de toutes natures – politiques, techniques, économiques, culturelles, spirituelles, sportives, et même sécuritaires, … - peuvent mesurer les conséquences d’une remise en cause potentielle de ce qui a été concrètement mis en œuvre depuis trois générations ; doivent-ils rester silencieux ? qui peut porter leurs voix ?

 

Hervé l’Huillier

 


 

(1) Une UE bien mal en point alors qu’elle va fêter les soixante ans du Traité de Rome le 25 mars.

 

(2) Mesures semble-t-il légales au vu de la législation américaine, même si actuellement elles font l’objet d’un bras de fer avec un gouverneur et des autorités judiciaires.

 

(3) Le budget de l’armée américaine, 600 G$, représente 40% des budgets mondiaux d’armement et est égal à plus de trois fois celui du suivant immédiat, la Chine.

 

(4) Dont la loi Dodd-Franck aux États-Unis, contestée par D. Trump. Mario Draghi a exprimé à juste titre sa crainte devant les intentions américaines.

 

(5) On imagine assez bien que dans certains cerveaux à la programmation idéologique fragile ou téléguidée, il n’y a pas beaucoup de distance entre America first et Deutschland über alles, que ce soit dans un sens partisan ou dans un sens opposant.

 

(6) Voir par exemple l’article de B. Frappat dans La Croix du week-end du 5 février 2017. Mais le sujet anime les internautes et le monde médiatique depuis mi-novembre 2016.

 

(7)On notera avec intérêt et pas forcément étonnement que la question du « tyrannicide » connaît depuis un mois une actualité dans certaines sphères médiatiques et politiques, en lien avec le cas Trump. « The Tyrannicide Brief e-book » est proposé en ligne sur internet depuis la deuxième semaine de février 2017. Plusieurs médias irlandais abordent ouvertement la question. Des organisations de gauche s’en sont saisies. On rappelle les théories sur le tyrannicide telles qu’elles se sont élaborées depuis les philosophes de l’antiquité païenne, saint Thomas d’Aquin, en passant par la période des guerres de religion et l’assassinat d’Henri IV, mais aussi dans la pensée politique des catholiques irlandais.

 

(8) Plusieurs entreprises américaines de dimension internationale ont indiqué que l’executive order relatif aux ressortissants des sept pays musulmans allait à l’encontre de leurs valeurs et de leurs besoins (Amazon, Coca-Cola, Starbucks, Google, Netflix, Ford, General Electric, …). De grandes entreprises européennes convergent en exprimant leurs craintes devant la place que prend le populisme dans le monde.

 

 

 

 

 
Dernière modification : 26/03/2017