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Observatoire Chrétien de l'Entreprise et de la Société

L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.

 
 
 
 
 
 

Paix et Développement Fraternité et Nation

Beaucoup  s'interrogent sur l'OTAN  son évolution dans le temps, son rôle actuel, son fonctionnement, les conséquences de son existence même sur l'attitude des grandes puissances à son égard et à l'égard de l'Europe….et enfin sur l'équilibre mondial.

 

Créée en 1948  à l'époque de la guerre froide, entre les Etats-Unis et des Etats européens qui craignaient une agression de l'URSS, elle était une conséquence de l'Alliance Atlantique et répondait à un besoin évident de solidarité avec un objectif défensif évident qui a été justifié de longues années durant jusqu'à la disparition du régime communiste. Par la suite elle est sortie de ce rôle strictement défensif mais a maintenu sa position officielle de défense de la zone Atlantique Nord malgré l'évolution de la  Russie en 1991.

 

Les Etats-Unis payent 72% des dépenses de l'organisation. De ce fait le commandement de l'Otan est très majoritairement exercé par les Etats-Unis, même si le Secrétariat Général, rôle non militaire, est confié à une personnalité d'un autre pays. Le gouvernement de l'OTAN est donc directement lié à la politique extérieure des Etats-Unis  et, de fait, à l'évolution sociale et humaine de la société nordaméricaine qui est jugée très sévèrement par Poutine.

 

Certains observateurs pensent que l'OTAN aurait valablement pu disparaître avec l'URSS marquant ainsi l'abandon d'une attitude de méfiance systématique à l'égard de la  Russie et que les événements actuels n'auraient pas eu lieu.

 

Du coté de l'Alliance Atlantique en constatant une politique russe d'annexions territoriales liées à la conservation ou au développement de dispositifs militaires sur fond  de  souvenirs historiques, on estime préférable de conserver un dispositif de défense visible pour limiter ce mouvement.

 

  Pour aller plus loin on peut tenter de mieux comprendre Poutine, son rejet de l'Alliance Atlantique qui l'a, dit-t-il, ouvertement méprisé, et ses grands projets  pour la Russie. Il veut prendre la tête d'un grand mouvement conservateur en Europe, opposé à l'homosexualité, à l'athéisme, au cosmopolitisme, à Internet et à toute novation assimilée à du désordre et former un « monde russe qui ne sera pas américain ou anglais », et qui « sera difficile à créer ». Il estime que l'Europe est en déclin économique et en décadence morale et qu'il faut l'aider à rester fidèle à ses valeurs et à ses racines chrétiennes mais il dit aussi que « Un combat dirigé contre la Russie  est mené depuis mille ans...» et que « cette lutte de l'Occident contre la Russie ne cessera jamais ». Il juge, enfin, qu'aujourd'hui « la Russie n'a pas seulement défié l'Occident, elle a aussi montré que l'ère de la domination occidentale mondiale peut être considérée comme complètement et définitivement révolue ». Le problème de l'Ukraine ne serait alors qu'une entrée en matière avant d'aborder les choses sérieuses ?

 

 Si le projet russe est bien d'être à l'origine d'un rééquilibrage mondial des grandes puissances manifestement contre l'Occident il est clair  qu'il faut être prudent  et conserver l'OTAN mais cette orientation risque dans l'avenir de justifier de nouvelles guerres... Il faudra porter une très grande attention  à la politique européenne de l'OTAN et que les pays européens  soient plus présents. Dans les décisions qu'elle prend quitte à payer une plus grande part de son financement pour éviter un affrontement quasi direct entre la Russie et les Etats-Unis  qui pourrait laisser des traces en  Europe...

 

Sur le court terme, notons que la majorité des Finnois, précédemment réservée sur l'éventuelle participation de leur pays à l'OTAN, a, depuis quelques jours, pensé qu'elle serait, dans les conditions actuelles, plutôt souhaitable… L'évolution du comportement du coté russe laisse en effet craindre que la guerre dure et laisse en Europe des traces profondes qui exigeront des changements importants de l'organisation des Etats et de l'Union Européenne pour faire face au nouveau contexte international créé...

 

...SUITE JUIN 2022…

 

Depuis mars 2022 les positions ont évolué .Un coup d'oeil sur la carte des pays européens membres de l'Alliance suffit pour comprendre l'importance des demandes d'adhésion à l'Otan des pays du Nord . Tout d'un coup, l'Otan est aux portes de la Russie sur leur longue frontière commune et au-delà, les Etats Baltes se retrouvent protégés par leurs grands voisins du Nord. Ainsi l'arrivée de la Suède et de la Finlande va donner une profondeur stratégique nouvelle sur le flanc nord de l'Europe . Dans le Nord, il y aura désormais un continuum, à l'exception de Saint-Petersbourg et de la zone de Kaliningrad, rappel de l'ancienne domination russe dans cette région. Ces changements sont qualifiés «d'historiques» parce qu'ils changent complètement les équilibres politiques dans le nord de l'Europe.

 

L'histoire des deux derniers siècles est brièvement rappelée ici :

 

-La Finlande, cédée par la Suède à la Russie en 1809, a proclamé son indépendance de la Russie lors de la révolution bolchevique de 1917. Mais l'Union soviétique, en 1939, l'a envahi. C'est la Guerre d'Hiver. La petite armée finlandaise a opposé une résistance féroce, causant de lourdes pertes à l'Armée rouge. Le pays a résisté vaillamment pendant trois mois, avant une trêve, puis une reprise des combats en 1940. Trois ans plus tard, la Finlande est contrainte à un armistice et doit céder une vaste portion de son territoire à la Russie. Le traité prévoit que la Finlande reste en dehors de la coopération militaire occidentale. C'est la "finlandisation". 

A la fin de la Guerre froide, après la chute de l'Union soviétique, la Finlande rompt avec cette neutralité en adhérent à l'Union Européenne en 1995, puis au Partenariat pour la paix de l'Otan. Mais elle reste officiellement militairement non-alignée.

-La Suède, elle, a maintenu pendant près de deux siècles une politique officielle de neutralité, héritée de la fin des guerres napoléoniennes, et ce même durant les deux guerres mondiales. Si Stockholm a participé à des missions militaires en Afghanistan, ou plus récemment au Mali, elle n'a pas été en guerre depuis 1814 . Dans les années 1990, sa politique de neutralité est transformée en un non-alignement militaire.

Tout en restant en dehors de l'Otan, les deux pays ont cependant tissé des liens étroits avec l'Alliance Atlantique, qui les considère aujourd'hui comme les deux Etats non-membres les plus proches. Les deux pays ont en effet participé à des missions menées par l'Otan dans les Balkans, en Afghanistan et en Irak.

L'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022 a marqué un tournant majeur dans l'appréciation des risques  que la Russie fait courir notamment à la Finlande qui partage une frontière de près de 1.300 kilomètres avec la Russie .La Finlande suivie par la Suède qui a estimé que la décision de la Finlande l'exposait à être le seul pays restant neutre autour de la Baltique, et que cette position serait politiquement intenable  en cas de conflit,  ont en effet manifesté leur volonté d'adhérer, dès le 25 février et le lendemain à l'Otan, Cela conduit la Russie a menacer la Finlande de "sérieuses répercussions militaires et politiques" si le pays adhérait à l'Otan. Il n'est pas impossible que Moscou réagisse en prenant des mesures de rétorsion « militaro-techniques » coupure des fournitures d'énergie par exemple, sans envahissement militaire car la Finlande est membre de  l'Union Européenne.

Ces demandes d'adhésions à l'Otan étant de nature à irriter fortement Moscou sont aussi très négatives aux yeux de ceux qui souhaitent un règlement aussi rapide que possible de la guerre en Ukraine.

Si la Russie veut vraiment développer sa politique anti-occidentale elle va poursuivre son action militaire dans la zone européenne  tant qu'elle en a la force. .. Dans le passé, en 1952, la Grèce et la Turquie ont adhéré à l'Alliance, puis l'Allemagne de l'Ouest en 1955. En réaction le Pacte de Varsovie a été signé en 1956. Plus tard, en août 1968, l'invasion de la Tchécoslovaquie faisant suite à une invasion semblable de la Hongrie en 1956 et d'une répression militaire à Berlin  en 1953 illustre bien une politique qui a pris le nom de doctrine Brejnev selon laquelle lorsqu'on doit faire un choix entre le contrôle à court terme des «états satellites» et la réforme politique et économique à long terme on choisit de maintenir le contrôle à court terme.

Si Poutine applique ce principe, ce qui est probable, la guerre en Ukraine va durer et l'Otan doit rester un lien fédérateur pour l'Occident. Dans ce rôle elle risque de devenir la force armée des pays qui résistent partout dans le monde en face de la Russie et peut- être, de la Chine.  Elle est déjà intervenue en Afghanistan et en Irak .

 Le Traité de l'Atlantique Nord est assez souple pour permettre des adaptations aux circonstances politiques et militaires comme il l'a montré dans le passé. Lors du sommet de l'Otan de Bucarest, le 27 mars 2008, il a été décidé que l'Ukraine deviendrait un jour membre de l'Otan. À l'heure actuelle, deux autres pays partenaires  souhaitent adhérer à l'Otan : la Bosnie-Herzégovine et  la Géorgie. Le 27 mars 2020, la République de Macédoine du Nord est devenue le 30e État membre. Au départ ils étaient  12.

L'Otan apparaît donc en développement rapide. Elle est capable de faire face à cette croissance mais elle devra évoluer. Sans doute faudrait-il revoir ses règles de fonctionnement en particulier la place très importante des Etats-Unis qui pourrait, peut-être, avoir certaines limites régionales ou même politiques. Par ailleurs la règle de l'unanimité  dans les décisions risque d'être très contraignante si l'organisme a un trop grand nombre de membres d'origines variées. L'exemple  récent de la Turquie le montre.

 

Trois remarques :

 

-Si cette évolution de l'Otan  peut être jugée positive par des pays occidentaux mais elle correspondrait à une période de réarmement mondial, qui n'est pas du tout souhaitable dans l'absolu et qu'il faut éviter autant que possible.

. -Le Président  Poutine a prononcé plusieurs fois le mot «nucléaire» et fait allusion à des missiles qui pourraient atteindre Paris en 100 secondes pour dramatiser un peu, mais, aujourd'hui, en apparence du moins, personne ne souhaite commettre un acte qui, par le jeu des traités, conduirait au feu nucléaire...

-Sur le plan économique l'Otan a des avantages car les pays adhérents doivent affecter au moins 2% de leurs ressources aux dépenses militaires, ce qui est peu, et les Etats-Unis ont l'avantage de disposer ainsi d'un marché quasi captif pour la vente de leurs matériels d'armement. Ainsi l'Allemagne et la Finlande ont récemment commandé des avions de chasse aux Etats-Unis. Cette organisation semble être appréciée par beaucoup  des pays membres mais pas de tous, car certains sont des concurrents des Etats-Unis dans les appels d'offres...

 

Bernard Cabaret

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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