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Observatoire Chrétien de l'Entreprise et de la Société

L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.

 
 
 
 
 
 
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Commentaires sur les évènements du trimestre

Dans une tribune de La Croix intitulée Les Soulèvements de la terre : « Quand on requalifie la citoyenneté en écoterrorisme, la démocratie s’étiole » cosignée en juin par un professeur d’université et un journaliste scientifique, on a pu lire ces phrases étonnantes : « Pourquoi des citoyens se sont-ils donné rendez-vous à Sainte Soline ? Pour l’immense majorité d’entre eux, ce n’est pas pour « casser du flic ». (…) Et un peu plus loin : « La violence apparait alors comme un moyen possible (et parfois nécessaire) au regard de la poursuite de la gravité du modèle industriel qui fragilise la pérennité de l’aventure humaine. Des violences arrivent, oui. Mais ce sont précisément celles qui ont été appelées par nos responsables politiques. (…) »

 

Silence et fracas religieux

 

La Croix, Famille Chrétienne et la Vie ont collaboré de façon inédite pour enquêter sur l’affaire des abus sexuels des Missions Etrangères de Paris, chaque titre conservant sa liberté éditoriale. Une méthode qui mérite d’être soulignée.

 

Les évêques de France ont publié un manuel intitulé Déconstruire les mythes de l’antijudaïsme, ayant pour objectif « de faire la distinction entre antisémitisme et antijudaïsme, avec la spécificité de l’antijudaïsme chrétien qui est en particulier porteur de deux préjugés : le peuple déicide et la notion de substitution ». Par une sombre coïncidence, on apprenait à peu près au même moment que des chrétiens de Jérusalem subissent des crachats lancés par des juifs extrémistes.

 

Le Vatican a diffusé en juin un instrument de travail, deux ans après le lancement d’une vaste consultation par le pape pour le synode sur la synodalité. L’historien J. Sévilla s’est dit « atterré » par ce document (contenant plus de questions que de réponses) qui évoque notamment l’idée d’inverser la pyramide hiérarchique de l’Eglise, et qui lui rappelle « les idées des années soixante qui ont vidé les églises ». D’autres sensibilités se réjouissent au contraire de l’audace de ce texte, qui acterait « la fin d’un modèle d’Eglise » trop daté et aborderait enfin des sujets cruciaux.

 

Lors de sa visite à l’occasion du millénaire du Mont Saint Michel, le président Macron a rendu hommage aux bâtisseurs et à un emblème de l’universalisme français, mais n’a pas dit un mot sur le caractère religieux du lieu. Des hijabeuses n’ont pas eu cette pudeur, en demandant l’annulation de l’interdiction de porter un voile pour jouer au foot ; le Conseil d’Etat a rejeté leur prétention, et l’avocate des demandeuses a critiqué ce jugement qui selon elle « ébranle la laïcité et la liberté d’expression ».

 

Les atteintes à la laïcité recensées dans les établissements scolaires ont augmenté de 120 % au cours de l’année 2022-23, jusqu’à 4 710 signalements. Ceci n’est pas sans lien avec la récente décision gouvernementale d’interdire l’abaya dans ces établissements.

 

Le passé et le présent

 

La Cour suprême des Etats-Unis a mis fin à la discrimination positive dans les admissions à l’université, instaurée en 1961. Qui l’aurait imaginé ?

 

B. Cazeneuve a trouvé les mots justes, au lancement de sa Convention, pour critiquer l’alliance mélenchoniste qui s’est par ailleurs illustrée par des séances lamentables à l’Assemblée : « les ringards, c’est eux et leurs idées datées. Ils militent pour la sortie du nucléaire, ils parlent de l’entreprise comme d’un lieu d’exploitation et se battent pour la retraite à 60 ans. Ce n’est pas possible. Ces idées disqualifient la gauche. »

 

Poutine a construit sa carrière politique et sa vision du monde sur le ressentiment contre l’Occident, coupable selon lui des humiliations subies par la Russie depuis 1991.Mais l’humiliation infligée par la milice Wagner venait de l’intérieur, et le président russe a paru vaciller face à cette mutinerie. Sa riposte n’en a été que plus féroce, assortie d’un hommage public rendu à un grand serviteur de la patrie, dans le plus pur style stalinien. A ce propos, il est significatif que des statues de Staline réapparaissent en Russie depuis les années récentes, et une statue de Dzerjinski, le fondateur de la Tchéka, vient d’être réinstallée à Moscou.

 

 

Emeutes

 

Quelques jours plus tard, c’est la République française qui tremblait sous les coups de boutoirs d’émeutiers mieux organisés que jamais, et animés par des idées simples : c’est la faute à l’Etat, vive la violence, l’autorité c’est nous, piller c’est exister, pourquoi se gêner ! Bien difficile de faire la part des choses dans ces comportements entre d’une part un nihilisme agressif qui rappelle de fâcheux souvenirs, et d’autre part une soif de consommation au grand banquet de la société du même nom.

Imbibés de suivisme langagier, les médias parlent de violences « urbaines » ; à quoi sert donc cet adjectif ? Il n’ajoute rien à l’information, d’autant moins que les émeutes se sont propagées dans des localités de petite taille et que les émeutiers manquent souvent d’urbanité.

 

Le prêtre et éducateur J.M. Petitclerc a « regretté que la classe politique, dans sa réaction à chaud, se scinde entre ceux qui ont tendance à écouter seulement la colère au risque de se montrer laxistes face à des comportements inacceptables, et, à l’inverse, ceux qui condamnent avec force tous les jeunes auteurs de violence, au risque de ne pas prendre en compte les raisons de la colère. (…) Il est urgent de développer des initiatives permettant à ces jeunes de fréquenter d’autres établissements scolaires que celui situé au bas de leur tour, de participer à des activités culturelles et sportives avec d’autres que ceux de leur quartier ».

Un rapport du ministère de la Justice sur le profil et les motivations des délinquants interpellés nous apprend, à partir d’un panel de 395 personnes majeures condamnées pour faits de violence, que celles-ci ont exprimé peu de revendications politiques ou idéologiques et ont tout simplement expliqué leurs actes par « opportunisme, influence de groupe, curiosité et recherche d’adrénaline ». Toutes proportions gardées et sans confondre les deux époques,  ceci n’est pas sans rappeler « l’immense défoulement » dont Raymond Aron parlait à propos de mai 68.

Des retours d’expérience de la police et de la gendarmerie ont été livrés au ministre de l’Intérieur qui refuse, du moins pour l’instant semble-t-il, de les rendre publics.

 

Ces événements dramatiques ont créé de la sidération et de l’effroi, au moment même où fleurissaient de nombreuses tribunes sur la dé-civilisation et l’ensauvagement à l’œuvre dans la société. Brutal retour aux démonstrations de terrain. Que l’on songe par exemple à cette bibliothèque incendiée par des enfants âgés d’une dizaine d’années, dont beaucoup de filles, et encouragés par des plus grands à continuer leur besogne (non genrée) malgré les appels au calme des mères accourues sur place.

 

 

Rencontres méditerranéennes

 

Cet événement a marqué par l’originalité et la richesse de sa programmation, dans laquelle se sont mêlés un festival, des célébrations religieuses, un grand banquet pour les déshérités, des activités culturelles, et des travaux sur les grands défis de l’époque associant 70 évêques et 70 jeunes des cinq rives de Mare nostrum. Si le pape a honoré ces rencontres de sa présence, c’est grâce à Marseille, une ville qui symbolise l’accueil et la diversité, où il est venu prononcer des messages de soutien inconditionnel aux migrants et contre le « fanatisme de l’indifférence ».

Certains comme H. Védrine reprochent au chef de l’Eglise catholique son « populisme caritatif », c’est-à-dire d’ignorer les efforts de la France et de mélanger les demandeurs d’asile et tous les autres migrants. Selon d’autres, il n’a fait que délivrer un message chrétien auquel trop de nos contemporains tournent le dos plus ou moins consciemment.

 

Antoine Sebaux

 

 

 
Dernière modification : 09/10/2023