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Observatoire Chrétien de l'Entreprise et de la Société

L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.

 
 
 
 
 
 
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La famille parmi les « res novae » ?

D ans ses premières déclarations publiques, la nouveau pape Léon XIV a mis un accent très net sur le rôle de la famille dans l’ordre social : « Il incombe à ceux qui ont des responsabilités gouvernementales de s’efforcer de construire des sociétés civiles harmonieuses et pacifiées. Cela peut être accompli avant tout en misant sur la famille, fondée sur l’union stable entre un homme et une femme, une société très pe-tite sans doute, mais réelle et antérieure à toute société civile. ». Il est là directement dans les pas de Léon XIII, inscrivant en quelque sorte la famille parmi les « res no-vae » majeures de notre siècle. Mais, quant à la responsabilité des gouvernements, la position affichée par Léon XIII il y a plus d’un siècle pouvait créer une incompréhen-sion (§11) : c'est une erreur grave et funeste de vouloir que le pouvoir civil pénètre à sa guise jusque dans le sanctuaire de la famille ». Jusqu’où le pouvoir civil peut-il in-tervenir, surtout quand les familles elles-mêmes ont besoin de son soutien matériel et organisationnel ? Finalement, l’État est intervenu régulièrement, surtout après mai 1968, imposant progressivement l’acceptation de « familles plurielles », très loin de la vision de l’Église telle que pouvait l’exprimer le concile Vatican II, avec la présence agissante du père, la promotion sociale de la femme, le devoir de la société de pro-mouvoir le mariage et la famille (GS, §52). Progressivement s’est réalisé ce que Léon XIII avait lui-même pressenti, un éclatement des liens familiaux par la substitution de la providence de l'État à la providence paternelle. Cela semble répondre à une de-mande sociale prédominante aujourd’hui qui privilégie les choix individuels tout en ré-clamant le soutien de la collectivité.
Ce qui est intéressant dans les propos du Pape, c’est le lien subtil qu’il établit entre les réalités familiales et des sociétés civiles désaccordées. De fait, on peut s’interroger sur ce rapport entre l’institution troublée qu’est devenue la famille et la société déso-rientée dans laquelle nous vivons. Le temps est peut-être venu de chercher sans ar-rière-pensées à mieux comprendre l’impact de la fragilisation des liens familiaux de-puis plusieurs décennies sur diverses plaies de notre société : crise du logement ; vio-lence, en particulier des jeunes ; découragement éducatif ; abandon des personnes vulnérables ; consommation d’antidépresseurs et de drogues : refus d’enfant ; poids des ‘réseaux sociaux’ ; résistance à l’engagement ; … Ces pathologies se potentiali-sent les unes les autres, faisant penser à une corruption profondément installée dans laquelle l’affaiblissement du socle familial aurait sa part. Parallèlement, les sondages nous disent que fonder une famille est l’un des tous premiers désirs des jeunes et même que, pour un quart de nos concitoyens, c’est la première condition d’une vie heureuse et réussie.
Le temps est peut-être venu de donner sa chance à ce désir et de repenser une politique familiale et un contexte social et médiatique qui permettraient de mieux arti-culer famille et vie professionnelle ; famille, accueil des enfants et éducation ; famille et engagement, dans une perspective où aucun des deux sexes ne serait pénalisé.


Hervé L’Huillier

 
Dernière modification : 25/08/2025