L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.
La cathédrale Notre-Dame de Paris rendue au monde après cinq ans de travaux, voilà un sujet qui se prête et se prêtera encore longtemps à des réflexions nombreuses et inattendues. Dans ce court éditorial, je veux retenir trois enseignements de portée sociale de ce chantier sans équivalent.
En juin 2023, j’avais rédigé un éditorial qui invitait à réfléchir à un principe de réparation ou de réparabilité. Le chantier de Notre-Dame illustre clairement cette ambition. Devant l’ampleur des efforts inouïs à consentir pour réparer la Cathédrale, opération coûteuse, complexe, porteuse de désaccords, on aurait pu renoncer. Mais il y a des circonstances où la destruction ne doit pas l’emporter : il y a eu l’attachement à ce bien commun supérieur, et le résultat, inattendu, est désormais l’émerveillement.
Mais regarder simplement cela comme un chantier exemplaire nous fait passer à côté d’une réalité moins visible : la réparation de Notre-Dame est l’image d’un ordre social performant qui nous met dans la perspective d’une communion dépassant largement son objet direct. Le sauvetage de ce monument légué par l’Histoire a quelque chose d’intemporel ; les contributions venues du monde entier donnent une dimension universelle ; la conjugaison de savoir-faire différents et tous nécessaires nous parle d’une bienheureuse diversité ; … Ce qui ressort d’essentiel, ce fut l’adunatio, cette capacité à réunir une communauté pour mener ce projet ponctuel, qui brille comme une miniature du projet chrétien, grâce à laquelle nous saisissons que travailler pour le Royaume promis est à notre portée et enthousiasmant.
Tout ceci n’aurait pas été possible sans la place primordiale du dialogue, où se cache le logos. Parole et sagesse créatrices ont été à l’œuvre dans cette opération et en ont construit le succès. Celui-ci est le résultat d’accords multiples, de décisions quotidiennes, d’encouragements permanents, de rappels de la destination finale, des silences de la réflexion, … Le succès est venu de ce grand œuvre à voix multiples où l’expression, l’écoute, la formulation, la résolution des divergences d’appréciation et des tensions, le passage de la décision à l’acte, … ont été la condition sine qua non de son achèvement. Par là nous comprenons ce que signifie « apporter sa pierre à l’édifice », non pas chercher à gagner contre les autres, mais à être avec les autres auréolé de la lumière du résultat final.
Hervé L’Huillier