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Observatoire Chrétien de l'Entreprise et de la Société

L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.

 
 
 
 
 
 

La véritable subsidiarité est-elle encore possible ? Retrouver le sens du politique

Au vu de la situation politique française au lendemain de l’élection présidentielle (et sous réserve de confirmation par les élections législatives), on ne peut qu’être frappé par le bouleversement profond du paysage politique. Les partis de gouvernement ont volé en éclats (particulièrement à gauche). Les extrêmes ont connu un succès sans précédent. Et on voit émerger en position prédominante une masse dont il est encore difficile de définir les contours et qui se définit principalement par une adhésion à la personne du nouveau président de la République et aux idées qu’il a mises en avant pendant la campagne présidentielle.

 

Quelles interprétations peut-on donner de cette évolution (révolution ?) ? Elles me paraissent différer suivant la place occupée dans notre société par ceux qui ont par le vote créé cette situation inédite. Pour celles et ceux qui, par leur niveau d’éducation, leur situation sociale leur niveau de revenus, se sentent plutôt à l’aise dans la société française d’aujourd’hui, la manifestation d’un désir profond de renouvellement du personnel et des pratiques politiques et le souhait de sortir d’une logique de perpétuel affrontement pour privilégier la recherche de consensus dans les choix à venir. Pour celles et ceux qui galèrent , un rejet d’un « système » dont ils ont le sentiment d’être exclus, la méfiance vis-à-vis d’une classe politique accusée sans nuances de malhonnêteté (le « tous pourris ») et la tentation de se tourner vers ceux qui principalement aux extrêmes, vendent du rêve sachant qu’ils ont peu de chances de se trouver en position de devoir mettre en œuvre les promesses faites.

 

En tant que citoyens et en tant que chrétiens, quelles lignes directrices pour l’action publique pouvons-nous et devons-nous promouvoir ?

 

La première et ardente obligation me paraît être de s’attaquer aux inégalités profondes et de tous ordres dont souffre notre société. Inégalités qui se constituent dès l’école, se prolongent dans l’accès au travail, se traduisent en des différences de niveau inacceptables en termes de revenus et interdisent de fait à beaucoup  de nos compatriotes de pouvoir peser de façon réelle sur l’évolution d’une société où ils sont marginalisés. Réduire les fractures qui traversent  cette société est un impératif majeur si nous voulons encore demain constituer une nation unie et soudée.

 

Deuxième défi : comment aller vers un mode d’élaboration des décisions qui privilégie le consensus sans tomber dans le culte d’un chef qui incarnerait en sa seule personne la légitimité du pouvoir. Une vie réellement démocratique ne peut se concevoir sans un minimum d’idéologie (pour moi, ce terme n’est pas péjoratif), sans une définition partagée de ce qu’est le bien commun. On ne peut rien construire de durable sans s’être mis d’accord sur le type d’avenir que nous voulons pour nous-mêmes, pour nos enfants et petits-enfants. Les partis traditionnels ont échoué à proposer aux citoyens que nous sommes le modèle d’une société qui tienne compte de tous et de chacun. Qui prendra le relais pour cette indispensable reconstruction ?

 

Il nous faut enfin et d’urgence réhabiliter la politique et en redonner le goût au plus grand nombre des citoyens de ce pays. Marteler que l’action politique est un outil dont la démocratie ne peut se passer. Convaincre que le temps long de la politique diffère de celui borné et à court terme du cycle électoral et qu’il est vain d’exiger des politiques de réformer en profondeur sur la seule durée d’un mandat.  Affirmer haut et fort que l’exercice d’une responsabilité politique exige du courage, car une réforme sérieuse ne peut, sauf exception rarissime, ne faire que des heureux et que progrès et solidarité ne doivent jamais être dissociés.  Rappeler que cet exercice s’apparente à celui d’un métier et qu’il ne réclame pas que des compétences techniques aussi pointues soient-elles, que l’apprentissage peut en être long, mais que ce métier ne doit pas se pratiquer à vie.

 

Enfin, trouver le moyen d’associer véritablement les citoyens aux choix politiques, ce à tous les niveaux et en évitant deux écueils. L’accaparement des débats par les lobbies de tout poil ou les citoyens « éclairés ». La tentation facile d’un recours à tout propos à la procédure référendaire.

 

L’enjeu est bien aujourd’hui de refonder notre modèle démocratique. Il faudra pour cela beaucoup d’inventivité, de courage et de persévérance. Sommes-nous disposés à relever le défi ?

 

Louis SANGOUARD - 06/06/17

 

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